Zéro instinct de survie [ LIBRE ]

Déjà deux fois que le stock de provisions disparaissait au Space Noodles… Z’aän avait alors décidé de prendre les choses en main et de partir lui-même "faire son marché" comme il disait. Armé d’un simple couteau de cuisine et d’un sac à dos en toile miteuse, le cuisto s’était alors éloigné des plaines pour rejoindre la zone d’Amazonia XV.
Un des clients du restaurant lui avait assuré que le territoire regorgeait de végétation comestible et qu’il y trouverait son bonheur. Curieux et complètement excité à l’idée de cuisiner des nouilles aux nouvelles saveurs, Z’aän n’avait absolument pas organisé son voyage. Bien qu’il ait un don certain pour la cuisine, ses prédispositions au sens de l’orientation étaient quasiment nulles. C’est donc sans grande surprise qu’il finit par s’enfoncer dans la jungle sans se préoccuper d’où il se trouvait exactement ni de ce qui l’y attendait.

Cela faisait une bonne heure qu’il marchait et mis à part quelques racines sucrées et des baies épicées, il n’avait pas trouvé grand-chose. Bien qu’il fasse encore jour, la densité de la végétation assombrissait considérablement le sentier qu’il empruntait. Et plus il avançait, plus il commençait à douter de la véracité des informations que lui avait donné son informateur…
Peu rassuré, il fit encore quelques pas avant de se figer au beau milieu des arbres. Un cri strident venait de lui déchirer les tympans. Il n’aurait su dire si le bruit était éloigné ou au contraire tout proche… Hésitant entre prendre les jambes à son cou ou se cacher dans un fourré, la peur lui ordonna de rester là, inerte et vulnérable, en plein milieu du chemin. Réflexes de survie : zéro. Les yeux écarquillés sous son armature métallique Z’aän semblait s’être transformé en statue.

Depuis quelques jours, Po avait trouvé un nouveau lieu de survie. C'était un grand bâtiment situé au milieu de ces plaines assez accueillantes, en comparaison au reste de la planète. Vous ne pouviez imaginer sa joie lorsqu'il avait vu cette construction détonner dans le paysage. Si les entrées extérieures n'avaient pas été verrouillées pour tout étranger venant d'Ohia comme lui, il se serait sûrement assis sur un des sièges pour profiter d'un de ces rares moments de calme.

Non. À la place de cela, il avait commencé à chercher de lieux où la nourriture pouvait être stockées. Il savait que c'était un restaurant...ils devaient bien entreposer la nourriture à un endroit un peu plus accessible, non ? Comprenez que Po n'avait aucun kredit en poche et que sa combinaison dans un état pitoyable pouvait, au mieux, le faire passer pour un écervelé qui avait décidé de vivre sur Ohia.

Haha, quelle idée.

Po avait depuis deux années abandonné l'idée de quitter Ohia. Il y avait comme une malédiction qui pesait sur ses épaules et, au début, alors qu'il avait plusieurs fois trouvé de quoi s'enlever vers d'autres horizons, des évènements étranges le rappelaient à la terre. Il avait failli perdre la vie à cause de cela une fois et s'était résigné depuis.

Il avait trouvé un moyen de déboulonner quelques parois du restaurant pour accéder aux cuisines et y avait volé quelques produits qui étaient essentiels à sa survie. Rentrant chez lui – ou plutôt dans l'abri qu'il s'était confectionné, Po entendit un étrange cri. Il écarquilla les yeux, sachant que sa raison lui criait de rester immobile, voir de monter sur un arbre et de ne plus en bouger. Devant lui, un être humanoïde qui, comme lui, semblait être la proie de ses mécanismes de défense.

La peur eut du mal à le lâcher, mais ces années de pratique furent sûrement décisives. Il chopa Zäa'n par les vêtements – des peaux ? - lança un grappin qui suffit, bonne camelote, à ses hisser sur une branche assez haute pour qu'ils soient tranquilles pour le moment.

En bas, furtive, venait d'apparaître un mélange entre belette et félin, une meute de petits de son espèce autour d'elle. De toute évidence, c'était une femelle. De toute évidence, également, elle était sortie chasser pour nourrir sa portée.

« Shh... »

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